jeudi 2 février 2012

Voyage au pays de la Grande Soulitude

Après avoir évoqué avec vous le véritable meilleur album de Marvin Gaye (ici), et ayant ouvert une brêche sur un style musical et une période faste, me voilà pris d'une irrésistible envie de partager avec vous les pépites qui peuvent émailler à jamais vos oreilles.
Et il y en a moult, pléthore, vachement et beaucoup.
Il faut dire que c'est une époque de révolution et d'affirmation qui emboîte le pas aux grandes marches et autres événements majeurs violents (Black Panthers) et pacifistes (I had a Dream...) des années 60. Parce que les 70's' sont le point de départ d'une existence, celle des blacks (américains, seulement eux), ils peuvent enfin s'exprimer au pays du monde libre et de l'American Dream, ce dernier n'est toutefois permis qu'aux white, tout en accordant un "certain" droit d'expression aux minorités qui peuvent se voir, parler, revendiquer... mais toujours entre elles, et à partir de leurs bases si ouvertement cloisonnées que sont les ghettos.

J'ai dit "ghetto" ?... Et hop ! Pirouette, et je rebondis ! Voici que déboule Donny Hathaway. Fabuleux pianiste qui a su maîtriser un instrument et toutes ses subtilités sonores : le piano électrique. Donny hathaway n'est pas très connu. Avouons-le.
Sa courte carrière musicale lui aura perlmis de sortir 7 albums, dont 2 live, et un album en collaboration avec Roberta Flack. C'est avec son 1er album en 1970 qu'il a créé son indélébile chef d'oeuvre : "The Ghetto". Quand je parle de courte carrière, c'est qu'il a été retrouvé apparemment suicidé dans sa chambre d'hôtel en 1979.

The Ghetto est un hymne, un cap... Que dis-je : une péninsule. Un sublime cri de libération sociale et raciale, un hurlement identitaire.
Malgré les différentes versions et interpretations de ce "the Ghetto", Il est à écouter exclusivement dans sa version de l'album "Donny Hathaway Live" enregistré en 1972 en public comme son nom l'indique. Ici, amis internautes, communiquants et autres publicitaires en mal d'une réalité augmentée par les bits et les pixels, vous prendrez une leçon de savoir vivre, de savoir être, et de savoir tout court. Les "digital natives" peuvent se rhabiller avec leurs megas et teras, leur twits et autres snobismes technologiquements surfaits.
Ici, reigne l'analogique, le vrai, durant plus de 12 minutes. Cet enregistrement est l'illustration avec un grand "I" de ce que sont la communication et l'interactivité.
En plus de "The Ghetto", l'album "Donny Hathaway Live" vous filera des frissons en écoutant, entre autres, "you've got a Friend", une énième interprétation qui fait oublier toutes les autres, un "What's Going On" (dingue ! Je parlais de Marvin, tout là-haut !) qui est un magnifique hommage du vivant de ce soul brother, et un "Jealous Guy" incroyable. Sur ce dernier morceau, on sent l'origine blanche du morceau : le public y est nettement moins participatif...

"The Ghetto" vous donnera le tournis. Il pourra appeler les plus négatifs à regretter de ne pas avoir été dans cette salle de concert, de ne pas avoir vécu cet extraordinaire moment de musique, de partage d'émotion intense, d'alliance... qui n'était que dans un seul but : prendre du bon temps, pour tous et chacun.
La grande chance des plus positifs est de disposer d'un tel enregistrement, leur permettant de s'associer à ce moment, de fermer les yeux en écoutant, et de dessiner gentiment un sourire béat sur un visage que la musique aura rendu angélique.
Il faut que je vous le dise : vous êtes belles et beaux quand vous écoutez de la bonne musique.

Donny Hathaway, ici joue avec son public. Et son public joue avec Donny. Une égalité parfaite entre les parties... à ce seul détail près : Donny et ses accompagnateurs-musiciens sont totalement fabuleux et bons. C'est "chacun à sa place, pour le plaisir de tous".

"The Ghetto" a été interpreté par de nombreux artistes, Georges Benson fait partie de ces bienfaiteurs, mais il ne fait nul doute que Donny Hattaway nous emmène ici dans la meilleure écoute : profitez du plaisir qu'il y prend... du plaisir que son public y prend... Vivez le plaisir que vous y prenez.

Enjoy,
Peace & B wild.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire