samedi 17 mai 2014

Déception et ravissement

Si Prince reste un indétrônable chez moi, il n'est heureusement pas seul. Il se situe au même très haut niveau que Marvin Gaye.
... han... oh ouichhh.. Mon dieu !!! Que j'aime ce que cet homme a fait : sa voix, sa maîtrise, son apparente facilité et les mélodies qu'il a sublimées. Et ce dernier point n'est pas là par hasard. Vous allez comprendre pourquoi.

Parmi les grands albums de Marvin Gaye, bien sûr, il y a What's Going On,  Let's Get It On, Midnight Love, ce sont les plus cités. Here My Dear l'est plus rarement (mais certains puristes s'accordent pour dire que c'est son meilleur, et je les rejoins !)... Et puis il y a d'autres masterpieces. Parmi eux, I Want You. Un pur bijou de groove et de suavité... accompagné d'une pochette qui évoque tellement le contenu. C'est un dance-floor de blacks qui pourraient rendre jalou n'importe quel whity de ne pas être black : savoir aussi bien danser que cette assemblée kiffant le groove ne serait-il accessible qu'aux blacks ?... perso, petit bâton blanc, je suis condamné au ridicule sur ce dance-floor.
Mais revenons à nos lucioles.


I Want You est paru en 1976, et ce n'est qu'hier, 38 ans plus tard  que l'histoire de sa genèse m'est venue aux oreilles par le biais d'une conversation avec mon si bon voisinage,  Gerald Toto (évoqué et conseillé ici).

Voici l'histoire :
Marvin est produit depuis ses débuts par la Tamla Motown. Un certain Leon Ware fait aussi partie de l'écurie. Celui-ci a sorti un premier album que Victor Hugo et Jean Valjean  auraient adoré puisqu'il s'intitulait Eponine. 
... non. Je me trompe : Leon Ware sort en 1972 un album éponyme puisque le titre est "Leon Ware".


Quelques années plus tard, en 1976, toujours à la Motown, Leon débarque avec un second album que la Motown sortira - Musical Massage. Une belle promesse qui n'est soutenue par quasiment aucune promo. Mais Berry Gordy, patron de cette major black, n'en reste pas là. Afin de servir les intérêts d'une des belles cartouches de son catalogue - et ses propres intérêts... - il décide que cet album servira de base pour que Marvin Gaye y pose sa voix en lieu et place de celle de Leon Ware... 


La chose se fait en studio. 
De l'album original de Leon Ware, tout n'est pas forcément conservé : bien retravaillé, surtout au niveau des voix, c'est I Want You qui sort ensuite... et qui, lui, appuyé par de la promo et l'incontestable charisme de Marvin, engage le succès calculé.
C'est donc depuis hier que j'hésite à écrire "succès mérité", car il y a manifestement usurpation de paternité sur l'album I Want You :


J'engage ici toutes celles et tous ceux qui aiment et connaissent I Want You de Marvin Gaye à écouter Musical Massage de Leon Ware : tout y est. Le sens, l'esprit, les arrangements... la voix est même particulièrement similaire... et... Que c'est bon !!!
Voilà l'origine du titre de mon article... hier, la sublime image que j'avais de Marvin a été salement entachée. Mais en même temps, si vous connaissez et aimez I Want You, je suis persuadé que vous vivrez ce ravissement d'entendre et connaître sa V.O. ... et la déception vis-à-vis de Marvin, certes poussé par Gordy, vous titillera.

Les plateformes de streaming propose ces deux albums, alors régalez vous car ils ont un point commun : ils sont superbes. Et pour les inconditionnels de This Is Spinal Tap🤘, vous l'aurez remarqué, Leon Ware nous propose une pochette.... comment dire.... assez proche de "Smell the Glove" !!!

... Et merci à Gerald de m'avoir raconté cette histoire qui n'est pas qu'une anecdote.. et surtout, merci de m'avoir fait découvrir la pépite de Leon Ware.

Enjoy !

Peace and B Wild

Pour exemple : Learning How to love You de Leon Ware ici...


... qui devient "I Want You" par Marvin Gaye...

vendredi 16 mai 2014

Touche "échappe"

Belle polémique autour de Xscape, 2ème album posthume de Michael Jackson !

Vous me direz... il y a de quoi, car les 8 premières pistes composant l'album "normal" sont d'affreux edits, ou plutôt remixes de fonds de tiroirs, de poubelles ou de corbeilles.
Certains s'interrogent même sur l'authenticité de la voix...

Juste pour rappel, un edit est une version originale sur laquelle on a modifié certains sons du mixage original. On a éventuellement ajouté quelques sons qui ne modifieront pas la ligne mélodique d'origine.
Le remix, lui, ajoute, transforme, dédouble, raboute, mélange...
Et là, avec Xscape on est dans le deuxième cas, les producteurs ayant cherché à faire une version "moderne" d'enregistrements a priori datant d'une autre ère).
Perso, je trouve que les remixes tiennent plus du blasphème que d'autre chose. Je m'attarderai donc sur les originaux, sur la matière première : il faut en fait écouter les pistes 9 à 16 pour profiter des enregistrements originaux, ou supposés l'être. Et c'est ici que le plaisir peut se trouver - si plaisir il y a.

Il y a sincèrement peu à prendre et beaucoup à laisser.
Le morceau-phare -  Love Never Felt So Good -  mérite un peu d'attention. C'est un back to the roots du Michael encore black. Agréablement accompagné au piano et au finger-snaps. C'est d'ailleurs sur ce morceau que le très légitime Justin Timberlake se colle plus loin pour faire ce duo improbable. Je me permets d'ajouter que la version remixée ET le duo avec JT sont plutôt bien.
Le 2eme morceau à garder est un zombie dans la tracklist : Place With No Name. qui fut rélévée en décembre dernier. Michael remanie un standard folk de America (1972), en ayant pris soin de changer le Horse par Place. Là, pour info la version remixée intégrant l'album normal est carrément dégueulasse. Une honte dont la grandeur égale l'indiscutable vulgarité de l'objectif de cet album : le blé, au travers de l'abus de confiance du public et des fans.
Et un petit troisième pour la route : loving you, pour ceux qui aiment le Michael miléleux.
Les 5 autres originaux ne présentent à mon sens que peu ou aucun intérêt.  Ils se rapportent à une période si médiocre de l'auto-proclamé King of Pop : l'après Dangerous (où même on peut intégrer Dangerous...).

Voilà. Cela nous fait en tout 5 pistes audibles sur les 17 de la version deluxe. C'est maigre...

Peut-être faudrait-il simplement le laisser en paix, ce Michael, non ?...

Enjoy a few
Peace and B wild.

Love Never Felt So Good, duo avec JT


... et la même, sans JT