lundi 28 mai 2012

Un choix suprême

Je ne sais pas pourquoi, mais samedi, j'ai eu une pulsion. Il fallait que je me remette du NTM dans les ouïes.
Je l'avoue, aux toutes premières heures de Suprême NTM - car n'oublions pas le vrai nom political correct du groupe - je n'ai pas vraiment adhéré. C'est avec "1993 J'Appuye sur la Gachette" que j'ai senti la vibe. La putain de vibe...
Hier, donc, je me suis donné comme mission de réécouter les 4 albums qui constituent la fulgurante ascension de ce collectif mené - s'il est besoin de le rappeler - par Kool Shen et Joey Starr. En fait, je voulais savoir si leur musique qui a en gros 20 ans d'âge avait pris des rides, ou même si elle était devenue has-been.
... Oh la vache... C'est la claque du siècle. J'habite St Denis - neuf cube - terre nourrissière de NTM, et depuis 10 ans que j'y vis, mes moments de piéton sont souvent animés par le rythme sourd qui sort des voitures, toutes fenêtres ouvertes, laissant hurler à la rue l'évident rap de la dernière heure. Je vous l'affirme, ce rap là oscille entre médiocrité et nullité. Il est mauvais copieur, bas de gamme, et à ranger dans les rayons à côté de l'after shave Mennen dont s'aspergent quotidiennement ses auditeurs.
Revenons à NTM : non seulement leur son est toujours d'actualité, mais surtout, il reste inégalé et, je me permets de le dire - inégalable, pour la simple et bonne raison qu'ils ne sont jamais dans la caricature du rap after shave évoqué plus haut. Leur musique, leur scande est vécu. Ils ont même un humour incroyable. Pour ce qui est autour, les rythmes, les samples, le mix, l'orchestration et la mise en scène de tous ces ingrédients, c'est un zéro faute. Tout est bon dans NTM, et je ne sais même pas si c'est Hallal.

En gros, si j'ai un reproche à leur faire, c'est d'avoir grillé toutes les cartouches du rap français, sans laisser la place à quiconque derrière pour apporter quelque chose. De telle sorte qu'aujourd'hui, ne restent plus que des suiveurs, copieurs de bas-étages. Une exception tout de même, Cabadzi. Mais ça n'est presque plus du rap... 
 Cet article est lá, quand même, pour vous inciter à vous replonger, en apnée jamais juvénile, dans les 4 albums qui firent l'histoire de NTM, ou de Suprême NTM (à vous de choisir). S'il y a la hargne et la haine inhérentes au rap, au hip-hop, ces albums sont fait d'une multiplicité de maîtrise d'oeuvre et de créativité : un groove qui vous prend aux tripes, des samples dont la qualité n'a d'égale que celle de celui qui les mixe, et puis... Et puis... Cette fluidité vocale, toujours articulée, cette verve, ce scande...
Et puis, il y a ce doute... quand on écoute NTM, on ne sais plus trop si on va suivre le rythme parfois langoureux du beat, ou la Suprême excitation d'un rap ravageur...
NTM est magique. Ils n'ont pas pris une ride. Ils ont tout compris - à quelques exceptions près - au hip-hop, et ont su traduire cette culture à la sauce française par le poste de douane de Saint-Denis.
Écoutez-les. Vous bougerez, vous grooverez, vous sourirez, vous vous marrerez, vous vous poserez des questions et puis, surtout, vous écouterez un son unique, diablement bon. L'album "Authentik", premier opus du groupe, est déjà marqué d'une maîtrise incroyable, le verbe y est aussi fort et puissant que le rythme. "Le Monde de Demain"... Une anthologie du rap français à lui seul. Ce morceau prévient de la menace qui enfle et éclatera 14 ans plus tard au travers des émeutes de 2005... Musicalement, un sample tiré de Trouble Man de Marvin Gaye, remanié avec grand art par des beats de folie et Kool et Joey déroulant leur scande avec fureur et une fluidité déconcertante. La modération est ici exclue.

Enjoy, enjoy, enjoy, enjoy et enjoy again.
Peace & B wild... et n'oubliez pas de passer le spliff ;-)


mercredi 23 mai 2012

Ze voïce.

Pour ceux qui ont suivi le télécrochet organisé récemment par la 1ère chaîne de télévision, The Voice, qui a vu un me-too product de Tom Jones (en nettement moins pêchu...) être porté aux nues, voici aujourd'hui de quoi renvoyer au vestiaire tous les candidats qui se sont présentés à cette émission... ainsi que leurs coaches d'ailleurs.

Surtout, ne vous fiez pas à son nom : c'est typiquement un nom de chanteuse à deux balles-pop-techno-le-temps-d'un-tube. Elle s'appelle Kimbra (je vous avais prévenus) et propose un album intitulé Vows. C'est hyper bon, hyper bien. Je pourrais m'arrêter là en considérant qu'il vaut mieux faire court et direct, mais cela m'empêcherait de vous évoquer la grande originalité musicale de cet album, tant dans ses compositions, son orchestrations, ses arythmies parfois, et surtout... cette voix ! Je me ravise : les candidats de The Voice ne sont pas au vestiaire : ils sont tapis au fond du placard en se disant qu'ils n'avaient finalement aucune raison de se présenter. Même Louis qui méritait largement, selon moi, de gagner.

Kimbra nous vient de Nouvelle-Zélande, et vient de disposer d'un joli peidestal en apportant sa voix à "Somebody That I Used To Know" de Gotye. Elle nous embarque ici à bord de sa voix pour visiter des univers musicaux qui oscillent entre féerie, grandiloquence, magie, mystère... Parfois, elle s'aide par une utilisation savante et experte du sampler, qui n'est pas sans me faire penser à Imogen Heap. J'ai un souci avec Kimbra : je ne sais pas vraiment s'il s'agît de Pop... Allez savoir.. Cette musique n'a jamais été entendue jusqu'à présent. Ça bouge. ça s'apaise, ça s'envole et ça virevolte dans une profusion sonore qui, même si elle est puissante, ne déborde jamais.

Kimbra vous épatera par sa maturité et sa maîtrise vocale. Elle vous déroutera en vous procurant de très belles sensations allant jusqu'à la mise au garde-à-vous des poils des avant-bras. Si, si. La dernière fois que me suis embrasé de la sorte, c'était pour Jo Hamilton. D'ailleurs, et ça n'a aucun rapport, Kimbra est née dans un patelin qui s'appelle Hamilton...

Foncez donc  sur Kimbra et son superbe Vows !
Enjoy et, as always, Peace & B wild... Le mot "wild" a toute sa raison d'être ici.


dimanche 6 mai 2012

Pop-up.

Vous aimez la pop ? Vous allez être servis ! 

Après avoir sorti un EP en février dernier, les bons lurons de Electric Guest nous proposent Mondo, un album avec 10 vrais morceaux de musique dedans. Tout ça est très très bien ficelé.
A mon sens, les Girls devraient aimer plus que les Boys : c'est assez sucré, mais pas trop, juste ce qu'il faut.
Il y a bien sûr le flagship, "This Head I Hold", avec son rythme sorti de la scène de l'Appolo Theatre des grandes heures de James Brown ou autre Lyn Collins. C'est un rythme qui incitera votre booty à mover de façon frénétique et amusante (c'est de la pop !). Mais ce son emprunté aux années 50/60 est merveilleusement remanié à la sauce d'aujourd'hui. Pas de nostalgie sonore ici. Que de la modernité bien placée. Plus loin dans l'album, "The Bait" virevolte encore sur cette veine, avec un accent plus pop encore.
Toujours extrait de l'EP, American Daydream vous fera chalouper doucereusement, langoureusement, et très agréablement... Oui : ça fait beaucoup d'adverbes, mais ils sont mérités.
Et mon coup de coeur sera "Amber". Une belle douceur, avec - toujours - tout ce qu'il faut de profondeur, et une très belle balance des sons electro et "classiques". De la vraie pop, quoi.

La déception de cet album réside dans un aspect purement quantitatif... et j'adresse donc un petit conseil à ceux qui connaissent ou ont déjà l'EP "This Head I Hold" dans leur discothèque : sur les 5 morceaux de l'EP de février, 4 sont repris sur le LP... Ce qui ne laisse que 6 pistes à mettre au rang de la découverte. Pour ma part, j'aurais sincèrement apprécié d'en avoir un peu plus à découvrir, surtout quand c'est bon pour les oreilles et tout le reste.

Allez : enjoy, et comme toujours, Peace & B wild.