lundi 24 septembre 2018

"Prince - Piano & A Microphone 1983" : en toute intimité.

#pitch :
Venez... Si, si, venez s'il vous plait. Suivez-moi. Nous ne serons que tous les deux. Rien que vous et moi. Ou presque.
Nous allons jusqu'en 1983, et jusqu'à Chanhassen dans la banlieue de Minneapolis, au n°9401 du Kiowa Trail. Il y a ici la maison dans laquelle Prince vit au calme depuis deux ans, au bord du lac Riley.
Rentrons dans la maison. Allez ! Suivez-moi, je vous dis ! Mais en silence. Restons au rez-de-chaussée parce que c'est là que le home studio a été monté. Prince en a déjà sorti la majeure partie des albums Controversy et 1999, ainsi que plein d'autres choses qui attendent de mûrir, d'être arrangées, ou réarrangées dans quelques semaines, quelques mois ou quelques années, pour lui, ou d'autres. A moins qu'elles ne soient simplement mises de côté pour toujours. C'est sa méthode.
Maintenant, chuuuut ! Il est là, assis au piano, avec juste un micro. Sans bruit, installons-nous auprès de lui - mais pas trop près, le bonhomme sait parfois être capricieux. 
Ça y est, il est prêt à jouer, avec toujours nous deux -  vous et moi - et son ingé-son pour seuls témoins, et il commence en interrogeant celui qui est à sa table de mixage, derrière la vitre "Is that my echo ?", et la session de travail commence...


#nofilter
... Chers amis, je fais cette petite mise en scène pour vous faire ressentir l'atmosphère, le concept pur de "Prince - Piano & A Microphone 1983", ce lunaire album sorti vendredi dernier, parce que celui-ci tient plus du documentaire que d'un quelconque album posthume, vous savez, ces albums gavés d'hyper-production, d'hyper-effets, hyper-arrangements, hyper-mixages pour essayer de faire des hyper-ventes. Nous sommes ici à l'opposé. Donc bravo au culot de Warner Brothers.
Lunaire et bravo, car c'est du #nofilter, du vrai. Cet album n'est que la simple retranscription, certes nettoyée au mieux, d'une session de travail enregistrée sur une simple K7 exhumée d'une boîte... d'où les quelques imperfections sonores et surtout le souffle de la bande qui s'accroche aux oreilles un peu comme un acouphène. C'est un instantané, un noir & blanc sonore, pas photoshopé.

#leaks
Prince a toujours enregistré tout ce qu'il faisait, créait, essayait, et a conservé cette gigantesque masse dans son coffre, "The Vault". Malgré ce "petit Fort Knox musical", ce Saint des Saints, la fameuse K7 a leaké, peu de temps après qu'elle ait été magnétisée par ce moment, satisfaisant ainsi l'appétit sans fin de la communauté des Fams (... oui : Prince n'aimait pas le mot "Fan", préférant la Famille au Fanatisme). 
Si le contenu de cet album n'est donc pas une surprise pour les fams, il est un véritable inédit pour beaucoup, et permet de découvrir la partie immergée de l'iceberg, tout ce qu'il y a derrière les hits et les frasques de Prince : s'il ne donne qu'un aperçu du bourreau de travail qu'il était pour lui-même et celles et ceux qui l'accompagnaient, il affiche clairement son incroyable maîtrise des styles et influences, le tout étant mû par sa sensibilité micro-électrique.
... Et vous allez les entendre, ces influences ! Il y a les évidentes - le funk, le rythm'n'blues, la soul... - et les moins évidentes (et pourtant omniprésentes dans tout ce que Prince a produit) - le gospel, le rock, le blues, le jazz, la folk, le classique...

Pour le fam que je suis, c'est un plaisir absolu qu'un tel enregistrement soit rendu officiel, permettant ainsi à tout-un-chacun de vivre cette situation de proximité, ce moment. Toutefois, égoîstement, j'aurais tellement préféré découvrir une autre K7, une autre session, totalement inconnue. D'autres leaks s'en occuperont alors...

En résumé, je ne peux que vous conseiller vivement de profiter de cette rare - voire unique - opportunité d'être durant 34 trop courtes minutes en toute intimité et discrétion auprès d'un artiste en plein travail : allez, suivez-moi, et sentez vos oreilles s'écarquiller à l'écoute de ce document.


Enjoy. Peace And B Wild. Always.

Vidéo officielle de "Mary Don't You Weep",
inscrit à la BOF de BlacKkKlansman de Spike Lee