dimanche 15 juillet 2012

Pappy fait de la résistance

À un moment, je ne vais pas être gentil.
J'en ai le droit.

C’est avec une voix… assez inclassable que Bobby Womack revient à la surface après 9 années de silence.
Le titre de ce court album (47 petites minutes) est « The Bravest Man in the universe ». Je trouvais cet intitulé un peu ronfflant... mais dans le morceau titre, Bobby développe la phrase en nous moralisant un peu : "... is the one who's forgiven the first ».
Ses 68 ans révolus lui permettent haut de donner des leçons de Soul à tous. Mais il n’y a pas que l’âge : un certain talent, un sens du rythme-tout-court, du rythme des mots, et une façon de jouer avec sa voix si particulière, mais attention : cette voix pourrait en agacer certains. Je le rappelle, ce monsieur a 68 ans, et n’a pas sucé que de la glace…


Pour la petite histoire : ne nous méprenons pas comme j’ai eu la bêtise de me méprendre : Bobby n’est pas un des Womack & Womack, en effet, le hit de 1988, Teardrops, fut chanté par Cecil Womack – petit frère de Bobby, et son épouse Linda… et c’est là que nous arrivons dans l’univers impitoyable de Dallas, avec bienb sûr, notre Bobby préféré :
Cecil a donc épousé en 2nde noces Linda Cook, fille de Sam Cook, un des pères spirituels de la Soul. Mais avant cela, Bobby avait épousé la veuve du même Sam Cook ; vous me direz, c’est le jeu de l’amour et du hasard, sauf que, d’une part, la mort de Sam Cook avait mis un grand coup au moral de la communauté afro-américaine à l’époque, puisqu’il a avait été retrouvé mort dans un motel, a priori victime d’un acte de légitime défense après qu’il ait été rendu fou furieux par le départ d’une prostituée… Et d’autre part, notre ami Bobby a convolé en « justes » noces avec la veuve Cook seulement 3 mois après le trépas du défunt (j’aime beaucoup le "trépas du défunt").

Bon, après cette page de style « Voici », un peu ragoteuse, parlons si vous le voulez bien de cet album. 11 courts morceaux (47 minutes, je le répète…), avec 3 guests. Deux me plaisent, le dernier, non.
Il y a tout d’abord la présence posthume de Gil Scott-Heron, sur une intro. Cette voix est un plaisir absolu sur 21 trop minuscules secondes, mais j'apprécie l'hommage.
Ensuite, Fatoumata Diawara, que je ne connaissais pas, et qui est, avouons-le, une belle accompagnatrice.
Le 3ème featuring (qui est en fait le 1er par ordre d’apparition sur l’album) est celui encore une fois aussi visqueux et collant que du sirop d’érable grassement répandu sur un pancake pas assez cuit : c’est Lana Del Rey… sa voix dégouline de langueur. Elle m'épuise dans tous les coins. Coin..
Un dernier regret : des sons de synthés et de boîte à rythmes qui sont à mon goût parfois trop proches de l’univers Bontempi… C’est fâcheux et agaçant. J’ai presque l’impression que le Monsieur aurait des soucis d’oreille, et se serait fait refourgué quelques passages à deux balles.
Un dernier point de vue, sur la couverture de l’album cette fois : une très belle photo, mais…. Oulle, ça fait mal.

Bah… en fait, je crois que j’ai du mal à le conseiller. Je n’ai pas eu le déclic, ce petit truc qui me fait dire « enjoy ».

Mais rien ne m’empêche de vous dire Peace & B Wild.

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